Les fibres d'amiante causent le mésothéliome pleural, mais l'Université de Montréal conteste ce fait scientifique

    L’Association des victimes de l’amiante du Québec (AVAQ), et les médecins, scientifiques et autres professionnels soussignés réprouvent la contestation par l’Université de Montréal (UdeM) de la décision de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST) d’indemniser monsieur Jean Renaud, professeur émérite retraité, victime d’un mésothéliome pleural attribué par la CNESST à son exposition à la fibre d’amiante dans un bâtiment de l’UdeM. Cette contestation est futile et ne fait qu’accabler la victime et sa famille, car l’UdeM n’a ni argument ni faits valables à présenter contre l’argumentaire suivant du professeur victime de mésothéliome.
    1. Le mésothéliome pleural est causé par l’amiante. Toutes les autorités scientifiques et de santé publique sans exception s’entendent sur ce fait. Le mésothéliome de la plèvre (enveloppe des poumons) est un cancer rare (~1 cas par 100 000 personnes par an) causé par l’inhalation de fibres d’amiante 20 à 50 ans auparavant. Environ 80% de ces mésothéliomes pleuraux sont causés par des expositions professionnelles directes à l’amiante, et la plupart des autres 20% sont attribués à des expositions professionnelles indirectes (ex. cols blancs, infirmières, etc.) et non-professionnelles (domicile ou environnement) à l’amiante. (Health and Safety Executive 2019)
    2. De faibles expositions à l’amiante peuvent causer le mésothéliome. Les autorités scientifiques et de la santé publique ne reconnaissent pas de seuil sécuritaire d’exposition à l’amiante pour le mésothéliome pleural : tout niveau d’exposition pose un risque. (Magnani et coll. 2013) (Organisation mondiale de la santé 2014)
    3. Le professeur Jean Renaud a été exposé à la fibre d’amiante à l’UdeM. Le mésothéliome se manifeste le plus souvent entre 20 et 50 ans après l’exposition initiale. Dans cette fenêtre de temps, entre 1970 et 2000, ce professeur a travaillé dans un bureau du pavillon Lionel-Groulx. Or, une enquête de la Direction de santé publique a démontré que les tuiles acoustiques perforées et la tuyauterie d’aération et de plomberie comprenaient des fibres d’amiante chrysotile et amosite. L’arrivée des micro-ordinateurs a occasionné plusieurs travaux électriques dans les plafonds, certains effectués par le professeur Renaud. Les bureaux de son secteur étaient empoussiérés. L'ingénieur-hygiéniste auteur du rapport d'enquête estime que la concentration de fibres d’amiante dans l’air du bureau était de 0,01 à 0,02f/ml, soit environ 100 fois le niveau de fond à Montréal. Il conclut que le professeur « a été exposé directement et continuellement à des poussières et fibres d'amiante pendant son travail dans le pavillon Lionel-Groulx de l'Université de Montréal. » (Fortin C 2020).
    4. Tous les types d’amiante peuvent causer un mésothéliome pleural. (Organisation mondiale de la santé 2014) Outre l’amiante chrysotile plus courant, les tuiles acoustiques et les isolants du pavillon Lionel-Groulx contenaient de l’amiante amosite dont l’effet est encore plus puissant pour induire le mésothéliome. (Berman et Crump 2008) (Gilham et coll. 2016)
    5. Présomption légale. La Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles (LATMP) stipule que l’on doit présumer que le mésothéliome pleural d’un/e travailleur/euse exposé/e à la fibre d'amiante dans son milieu de travail est une maladie professionnelle.
    6. Les mésothéliomes pleuraux chez des professeurs et d’autres cols blancs. Une étude allemande a trouvé 68 cas de mésothéliome pleural chez des professeurs. (Müller et Dernbach 2003) Au Québec, les cols blancs comptent pour 9% des victimes de mésothéliome indemnisées par la CNESST. (Provencher et De Guire 2001)
    7. Co-incidence de 4 mésothéliomes à l’Université. Au cours des 10 dernières années, on a rapporté au moins 3 autres mésothéliomes chez des cols blancs et chez un concierge de l'Université de Montréal. Cette co-incidence de quatre cas d’un cancer très rare caractéristique de l'exposition à la fibre d'amiante rend encore plus évidente une cause commune : les fibres d’amiante dans l’air des immeubles amiantés du campus à la même époque.
    8. Le jugement de 7 pneumologues experts. La CNESST a jugé que ce mésothéliome pleural était une maladie professionnelle (donc indemnisable) sur la base de l’expertise du pneumologue traitant du professeur et de deux comités de pneumologues indépendants spécialisés en maladies professionnelles pulmonaires. Au total, sept pneumologues de divers hôpitaux du Québec ont ainsi été consultés sur la nature et l’étiologie de ce mésothéliome.
    9. Le récent rapport du BAPE sur l’amiante propose de rendre irréfragable la présomption de maladie professionnelle pour tout mésothéliome pleural associé à une exposition à l’amiante en milieu de travail. Sur la base de l’état des connaissances scientifiques actuelles et pour rendre le processus d’indemnisation moins lourd pour les victimes et plus cohérent avec l’épidémiologie, le BAPE (Bureau d’audiences publiques sur l’environnement) propose d’amender la LATMP pour rendre « irréfragable » (incontestable) la présomption de maladie professionnelle pour un travailleur atteint d’un mésothéliome pleural qui a été exposé à des fibres d’amiante dans son milieu de travail. (Bureau d'audiences publiques sur l'environnement 2020)

    L’UdeM est une institution d’enseignement supérieur et de recherche qui doit donner l’exemple et fonder ses décisions sur ses valeurs humanistes, ses préceptes de rationalité et les connaissances scientifiques les plus à jour. L’Université devrait donc honorer ses responsabilités envers ses employés victimes d’une maladie professionnelle.

    Par conséquent, les soussignés demandent à l’Université de Montréal de retirer sa contestation de la décision de la CNESST attribuant le mésothéliome pleural du professeur Renaud à une exposition professionnelle à l’amiante dans son bureau à l’Université, et d’accepter que la CNESST indemnise tout autre employé victime d’un mésothéliome pleural et ayant été exposé à de la fibre d’amiante dans le cadre de leur travail à l’Université.

    Avis de non-responsabilité : Les opinions exprimées dans cette lettre sont celles des signataires et ne reflètent pas nécessairement la position de l’organisation à laquelle ils appartiennent.
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